Est-ce la fin de l'élevage intensif en Suisse ?
Des poulets de chairs qui manquent tellement d'espace qu'ils ne marcheront pas jusqu'à leur mort, des poussins mâles broyés parce qu'ils ne sont pas assez rentables, des conditions d'abattage qui ne prennent pas en compte les souffrances assenées, les vaches laitières nourries aux antibiotiques et séparées de leurs veaux, etc. Les témoignages, les images et les vidéos qui dénoncent les traitements auxquels sont soumis les animaux dans l'élevage intensif se multiplient.
Même si la Suisse n'entreprend pas de s'attaquer au dossier de l'élevage intensif que le 25 septembre, le sujet du bien-être animal est initié en 2018 par l'association de défense de la dignité animale, Sentience, Greenpeace, ainsi que d'autres organismes.
Le bien-être animal va-t-il gagner ?
Les pratiques dans l'élevage intensif sont donc, en un sens, remises en question puisque la Suisse les soumet au vote. Si le oui venait à l'emporter, ce serait la fin des élevages industriels et des abattoirs qui ne sont pas dans le respect du bien-être animal.
Mais avant que les mauvais traitements ne prennent fin, il faudra déjà que les votants y consentent. Et les résultats sont encore incertains. En effet, pour rappel, le thème de la lutte contre la cruauté contre les animaux est déjà abordé en 1892. Le débat se portait alors sur l'abattage rituel des animaux sans étourdissement. 90 000 Suisses étaient alors mus par la volonté de plaider la cause animale. À contrario, en février 2022, l'interdiction de l'exploitation animale par l'expérimentation n'a obtenu que 20,9 % des votes.
Aussi, aucune prévision ne peut être faite sur l'issue du vote concernant l'élevage intensif.

Selon Greenpeace, l'élevage intensif est à l'origine de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre. - Photography chayakorn lotongkum / Getty Images©
Les changements dans les conditions de vie des animaux
L'élevage intensif de porcs, de vaches, de poules, de canards, de dindes, de veaux... ; qu'il soit fait pour la consommation de viande, la fabrication de produits laitiers et/ou pour l'engrais, le prochain scrutin en Suisse sur les normes de bien-être animal ne fera aucune distinction et inclura tous les types d'exploitations. Aussi, si la constitution suisse venait à intégrer les termes concernant l'abolition l'élevage intensif, ce sont l'industrie animale en générale et les animaux qui profiteront de mesures rectificatives.
Tous les animaux élevés (poules pondeuses, cochons, lapins, porcelets, brebis, etc.) devront d'abord profiter de l'espace nécessaire pour que les conditions d'élevage intensif ne soient plus. L'animal de ferme devra aussi bénéficier de soins et d'une prise en charge de son hygiène allant dans le sens de son bien-être. Éleveurs de bétails et de volailles auront également l'obligation de laisser leurs animaux sortir quotidiennement.
Nombre de bêtes dans un cheptel et abattage : ce qui changerait pour les éleveurs
Avec les nouvelles mesures, l'éleveur suisse devra peut-être dire adieu aux grands élevages aux millions de porcs, au cheptel bovin et aux cages où les bêtes étaient entassées. En effet, le fait que le fermier devra disposer de l'espace nécessaire pour ne pas faire souffrir les animaux amènerait certains éleveurs à réduire le nombre d'animaux qu'ils élèvent.
La fin de l'élevage intensif leur demandera aussi de repenser le mode d'abattage. Le fermier comme l'abattoir devront ainsi adopter une méthode qui réduit au maximum la douleur des animaux. À noter que limiter la souffrance animale est tout à fait cohérent avec la décision helvétique de mars 2018 qui demande aux chefs cuisiniers d'assommer le homard avant de le mettre dans l'eau bouillante.
Des réticences du côté des fermiers ?
Si le oui gagnait, les éleveurs disposeraient d'un délai de 25 ans pour la transition. Les associations de défense des animaux sont naturellement pour l'arrêt de l'élevage intensif, de l'abattage et de toute expérimentation qui ne prend pas en compte la souffrance des animaux. De l'autre côté de la barrière, il y a la filière agroalimentaire et l'Union suisse des paysans qui sont contre la fin de l'élevage intensif. Les opposants, comme le conseiller fédéral Alain Berset, redoutent que l'interdiction des élevages de masse n'augmente le coût de la viande et des produits laitiers.
Dans les deux cas, il y aura un prix à payer ; le 25 septembre, les Suisses détermineront qui aura à le régler.
Avec ETX Daily Up